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Une chronique de Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta
https://trends.levif.be/economie/immo/l … 70007.html
"Il fait beau ce jeudi. Sauf pour les propriétaires qui voient des nuages sombres se profiler sur leur tête. Etre propriétaire aujourd'hui en Belgique, c'est prendre le risque d'être pointé du doigt par certains locataires et d'être considéré comme une vache à lait par l'Etat.
Aujourd'hui, il y a une réforme fiscale qui est en train d'être discutée au sein d'un groupe de travail dont personne ne connait la composition, et dont les travaux sont d'une opacité digne de l'Union soviétique. Pour une démocratie comme la Belgique, ce qui étonne, c'est que personne ne s'en étonne. Des "experts" planchent sur notre fiscalité à notre insu et tout le monde trouve ça normal de ne pas être informé, hormis les bribes d'informations dévoilées par la presse ici ou là. Des bribes d'informations qui ne sont ni démenties ni confirmées, ce qui ajoute encore au désarroi.
Comme me le disait un ancien dirigeant d'entreprise, c'est proprement scandaleux. Car un entrepreneur, par exemple, n'est pas un trader. Il a besoin de se projeter dans l'avenir et d'avoir une vision fiscale à au moins 7 ans. Mais 7 ans, c'est deux fois un mandat d'un politique. C'est donc du long terme et ça ne l'intéresse pas, car il ne sera sans doute plus là.
Ce que l'on sait, ou croit savoir, de la réforme fiscale, c'est que l'immobilier sera davantage taxé. La taxation des loyers réels et des plus-values immobilières serait dans le collimateur de notre ministre des Finances. Prenons juste le cas de la taxation des loyers réels. S'il y a taxation, pourquoi pas, mais alors il faudrait aussi permettre aux propriétaires de déduire leurs frais réels. Le peu d'information que l'on a à ce sujet montre qu'on irait vers des frais sous forme forfaitaire. Autrement dit, nettement moins que les frais réels. L'Etat n'est pas fou. Avec tous les travaux que devront faire les propriétaires pour rendre conforme leurs logements aux normes environnementales, si l'Etat acceptait la déduction des frais réels (ce qui serait logique), l'Etat perdrait de l'argent et n'en gagnerait pas comme il veut le faire avec la taxation des loyers réels. On est dans un jeu de dupes avec l'Etat : "pile je gagne, face tu perds". Dommage, car une étude de la KUL montre que 40% des propriétaires belges n'ont pas les moyens de rénover leur logement. Qui va le faire alors ? Autoriser la déduction des frais réels ferait en sorte que tout le monde demanderait une facture. C'est de l'argent noir qui disparaitrait et puis ça ferait tourner l'économie (l'Etat s'y retrouverait via la TVA). Mais bon, c'est un raisonnement de base qui échappe à notre ministre des Finances.
Autre nuage sombre qui plane sur la tête des propriétaires, le blocage des loyers qu'on appelle pudiquement blocage de l'indexation des loyers. A Bruxelles, c'est à nouveau en discussion et quant à la Wallonie, c'est aussi à l'étude. Là encore, on a l'impression qu'on part du principe que le propriétaire est, par définition, un spoliateur alors que l'immense majorité des propriétaires se sont endettés pour acheter un ou deux biens qu'ils louent, notamment pour compenser la maigre pension de l'Etat. En réalité, les loyers seraient moins élevés s'il y avait plus de logements. C'est une question d'offre et de demande. Et pour avoir plus de logements, il ne faut pas compter sur les pouvoirs publics, ils n'ont pas l'argent pour construire des logements publics. C'est donc uniquement le privé qui peut diminuer la pression sur les locataires. Encore faut-il avoir plus de permis de bâtir. Et qui bloque ces permis ou les délivre au compte-goutte ? Je vous le donne en mille : les mêmes politiques qui veulent protéger les locataires. Or, si on veut permettre aux jeunes et aux personnes les plus précaires d'avoir un logement - comme propriétaire ou comme locataire - la solution n'est pas de bloquer les loyers alors que tous les autres coûts des propriétaires augmentent, mais d'offrir plus de logements.
Etre social, c'est d'abord inciter les bons comportements et non pas punir. Faire l'inverse, c'est la recette assurée que les loyers seront encore plus élevés demain ou après-demain. C'est un coup de pied de l'âne dont on se passerait bien. "
Hors ligne
J'ai l'impression que c'est ce que je dis depuis 10 ans: inutile de punir les propriétaires, de bloquer les loyers, de mettre un carcan pour arriver à ce que veut me monde politique. Il "suffit" de mettre plus de logements sur le marché, et ce n'est pas en taxant et en insultant les propriétaires, ni en les empêchant d'investir qu'on y arrivera. Au contraire, avec la hausse constante de la demande de logement, les prix ne vont faire que continuer à la hausse, et le problème va s'accentuer.
Pour le reste, j'espère que les "penseurs" vont considérer que le "précompte" est un "précompte" et non pas un impôt foncier, qui se rajoute aux impôts. Mais alors, comment vont-ils faire pour que les communes s'y retrouvent, puisque le précompte est un impôt essentiellement communal? Comment en tenir compte puisque la perception du précompte est régionalisé, depuis tout récemment en plus?
Je pourrais leur souhaiter bonne chance, pensant qu'il est impossible de faire ce genre de réforme fiscale de manière crédible dans un pays aussi morcelé. Mais je crois qu'ils sont capables de le faire, sans tenir compte de tous les paramètres, et en balayant d'un revers de la main tout ce qui ne va pas aller dans leur sens.
Combien de fois n'ai-je entendu dire "le précompte est un impôt foncier - même sur ma maison je le paie, et il est normal que vous le payiez aussi. Donc ce n'est pas un impôt et il ne doit pas être pris dans la base taxable." Alors que tout impôt, fut-il foncier, est un impôt qui grève mon revenu, et est donc un impôt sur mon revenu.
Je parie que c'est impossible sans qu'il y ait des recours, qui risquent de faire capoter la perception même de l'impôt.
A mon avis, un seul moyen: le bouclier fiscal. Que le système intègre que la taxation (IMM+précompte+taxes locales et communales) ne puisse dépasser un certain niveau.
Parce qu'ils ont beau dire que l'impôt doit être porté par les épaules les plus larges, ils font croire à force de marteler ce slogan idiot que ce n'est pas le cas.
Ma taxation est de l'ordre de 50%, je ne vais pas le démontrer une fois de plus. Et on veut me taxer de manière "plus juste"? C'est quoi, plus juste? Où est la limite?
Où est la limite?
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En tout cas merci de nous avoir pointé cette opinion équilibrée de Ahmid Faljaoui, dont j'adore la chronique du matin 8h30 sur Classic 21.
Je vous en pointe une plus virulente d'un non moins estimé spécialiste de la taxation, Thierry Afschrift sur le même magazine: Des propriétaires harcelés
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