Une expulsion peut-elle être humaine?

Ce soir, je suis blessé. Un de mes locataires me dit que je ne suis pas humain. Que je l'expulse, qu'il n'a nulle part où aller, et que ce n'est pas humain. Que le juge lui a donné à peine 15 jour, et que ce n'est pas humain.

Pas humain.

Cela m'a blessé. D'autant plus que je pense que c'est injuste.

En juillet dernier, je lui loue un appartement. Il passe d'un de mes studios à cet appartement. Il s'y installe avec sa copine. Le premier loyer est payé par le CPAS, comme tous les mois précédents pour son studio. Au prix du studio, et non de l'appartement.

Dès le début, cela se passe donc mal. En août, rien. Des promesses. En septembre, rien. Des promesses. En novembre, un demi loyer et une fafiotte supposée payer le "retard". Des promesses. Le CPAS considère que Monsieur est en cohabitation, ne lui donne que la moitié de son allocation, et paye une moitié de loyer, et une fafiotte pour apurer le retard.

Mais, si le CPAS considère que Mr est en cohabitation, il ne considère pas que Mlle est en cohabitation. Donc, le CPAS ne paye rien pour mademoiselle... mais paye la moitié pour monsieur. C'est scandaleux de la part du Cpas, mais JE n'y peux rien. C'est à eux de se bouger pour faire bouger le Cpas. C'est à eux de prendre un avocat (qu'ils ne payeraient pas de toute façon) pour attaquer les décisions du Cpas devant le tribunal du travail. J'ai beau leur indiquer où aller, quoi faire, rien. Rien de rien. L'inaction la plus totale.

Je dépose une requête le 4 octobre. Ils ne vont pas chercher le recommandé. Payement du CPAS pour Mlle le 14 novembre. Je sais qu'il n'ont pas la date, donc je les informe de l'audience. Ils savent. Audience le 18 novembre. Ils ne se présentent pas.

Je demande le report, étant donné qu'un payement a été fait, et que cela semble donc se stabiliser. Report au 7 janvier.

Je leur rappelle la date d'audience. Ils ne viennent pas. Le juge ne me laisse pas le choix: soit je demande un jugement conforme, soit je laisse tomber. Excédé par la non communication, leur non présence, la crasse dans le logement, le chat qui miaule parce qu'ils y viennent une fois par semaine et qu'il a faim, le non respect du matériel (je passe les détails) et les pannes qu'ils ont produit, je demande la fin du bail, indemnités, expulsion, libération de la garantie locative, etc.

Jugement conforme. Fin de bail au 31 janvier.

Inlassablement, je tente de reprendre contact. J'y arrive une fois sur cent. Des promesses. Des plaintes. Des promesses de quitter le logement. Et aujourd'hui: ce n'est pas humain.

Mais qu'ont-ils fait? Ont-ils été voir un avocat? NON. Ont-ils été voir leur assistant social? NON. De son propre aveu, ils ratent 90 rendez-vous sur cent.

Pourquoi il n'est pas venu le 7 janvier? Parce qu'il s'est endormi à 7h du mat après une nuit blanche à essayer de se souvenir de ne pas rater le rendez-vous.

Mais c'est moi qui ne suis pas humain. "15 jours, c'est pas humain"

Mais bon sang, cela fait 7 mois que cela déconne. 7mois. De juillet à janvier!!!

Son histoire est triste. Il a un passé qui ferait pleurer n'importe qui. Elle aussi. Ils sont jeunes. Très jeunes. Lui est sans famille. Enfin, pour avoir rencontré sa mère dans d'autres circonstances, il vaudrait mieux pour lui qu'il soit réellement sans famille. J'ai donc eu pitié. J'ai attendu. Laissé passé le temps. Donné des conseils. Essayé de guider. Expliqué comment faire pour se sortir de la mouise. Demandé un report d'audience de manière unilatérale. Attendu avant de signifier étant donné qu'il disait qu'il allait trouver des solutions.

Tout cela pour s'entendre dire que je ne suis pas humain.

Bref, tout cela pour dire, je cherche des gros bras pour jeter quelqu'un par la fenêtre avec tous ses meubles vendredi. Vous ne connaissez pas quelques gros bras?