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La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé la « fin » de la hausse des taux d’intérêt directeurs. Peut-on alors s’attendre à ce que les taux hypothécaires, en Belgique, n’augmentent plus non plus ?
Jeudi passé, la BCE a augmenté ses taux de 25 points de base, portant le taux de dépôt à 4% et le taux de refinancement à 4,5% – un record. L’institution monétaire basée à Francfort a laissé entendre que cela serait la dernière hausse, mais que les taux seraient « maintenus pendant une durée suffisamment longue. »
Ces taux rendent l’argent plus cher, comme il faut payer plus pour rembourser un prêt. Le but est de combattre l’inflation. Avec la fin de la hausse des taux directeurs donc, peut-on maintenant s’attendre à la fin de la hausse des taux sur ces prêts ?
« Variations possibles »
Sur le marché belge, le taux hypothécaire (pour une durée de 20 ans, dont 10 ans avec un taux fixe et une quotité jusqu’à 80%) est passé de pile 1% en janvier 2022 à près de 3,5% aujourd’hui, selon le baromètre d’Immotheker Finotheker. Et il pourrait bien rester à ce niveau-là, désormais.
C’est ce qu’explique Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING, dans les pages de L’Echo. Les taux hypothécaires sont en fait basés sur les taux longs, et le taux de dépôt de la BCE est un taux à court terme. Ils ne suivent ainsi pas exactement le même parcours. Mais le signal envoyé au marché par la « fin » de la hausse de la BCE est que les taux à long terme ne devraient plus augmenter non plus. « Les taux des crédits hypothécaires ne devraient donc plus monter, bien que des petites variations soient toujours possibles », estime l’expert.
Il ajoute qu’il ne faudrait cependant pas s’attendre à une baisse avant un bout de temps. Des « réductions » seraient néanmoins possibles, comme outil de concurrence entre les banques pour attirer des clients, comme la demande pour les prêts est en chute.
Peut-on prendre Christine Lagarde au mot ?
La « forward guidance » de la présidente de la BCE, c’est toute une histoire. Depuis juillet 2022 et la première hausse des taux, elle a régulièrement changé sa communication sur les perspectives du parcours des taux. Tantôt « il faut voir en fonction des données, réunion par réunion », tantôt « 50 points de base pour les deux prochaines réunions, au moins », et des allers-retours entre les deux. Plus des prises de position de différents responsables (Isabel Schnabel, Philip Lane et différents gouverneurs), qui appelaient à serrer davantage la vis ou à relâcher la pression. Un cafouillage qui a embrouillé les marchés.
En général, les banquiers centraux évitent de donner des perspectives explicites à trop long terme. Car cela les engage à les respecter et ils pourraient perdre en crédibilité s’ils devaient finalement changer de cap.
On peut donc se demander si cette fin de la hausse des taux directeurs est vraiment définitive. La désinflation a fortement ralenti ces deux à trois derniers mois. Certaines économies européennes connaissent même un regain d’inflation. Bien sûr, si la BCE devait ressortir l’arme de la hausse des taux du frigo, les taux à long terme changeraient aussi et les prêts hypothécaires pourraient repartir en flèche. Mais l’économie européenne, déjà en stagnation, risquerait de caler encore plus. Un exercice d’équilibriste pour Lagarde et co.
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