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Mes petites jurisprudences...

grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Une société me loue un bien à titre de bureau au 15 novembre 2019 pour 250€. Elle est représentée par son gérant. Je prends un mois de garantie en cash , et le premier mois. Je donne les clefs. Il faut dire qu'on parle d'un loué 6 mois sur les 10 dernières années. Du coup, je suis moins regardant.

Avec mes vacances et avec le Covid, l'audience se passe début juillet. Je ne suis pas présent, mais un avocat me représente. La partie adverse avait indiqué par mail avec certificat qu'elle ne pourrait pas être présente, et donc l'affaire a été reportée au 4 août.

J'ai touché un mois de loyer, qui provient du compte du gérant. Et c'est tout.
Le gérant avait le domicile de sa société chez lui. Il louait le bureau pour y faire son siège social. Il n'a pas déménagé son siège social...
Par contre, je me rends compte qu'il était, à la signature du bail, gérant d'une autre société, qu'il a déménagé cette société dans le bureau, qu'il a revendu la société à une personne impossible à trouver (nom très commun - pas d'adresse - pas de numéro national)
Et en grattant un peu, je me rends compte qu'il s'attribue encore le rôle de responsable d'une 3e société, radiée deux ans et demi plus tôt, dont il était le gérant. Et il utilise toujours une adresse mail qui fait référence à cette société radiée d'office, sans doute pour non dépot des comptes annuel.

Dans ma requête, j'ai demandé au juge que la société locataire, le gérant signataire et la société domiciliée dans les lieux soient toutes les 3 déclarées solidairement responsables des loyers, de 6 mois d'indemnité, et d'une indemnité équivalente au loyer jusqu'à ce que la société domiciliée ai changé son domicile.

J'ai avancé le principe qu'une personne qui possède deux sprlu n'a plus droit à la protection de son patrimoine, qu'il y a confusion de l'ensemble (loyer payé par le compte du gérant, domicile d'une société vite revenue, etc) et donc, que vu la confusion totale de l'ensemble de ces sociétés, vu le comportement du gérant, ce dernier ne devrait pas avoir droit à la protection que procure les sprl.

J'ai eu gain de cause sur les mois de loyer passés, et sur l'indemnité de 6 mois, j'ai été débouté sur l'indemnité d'occupation de la société domiciliée et sur la solidarité. Le juge m'a renvoyé au tribunal de l'entreprise...

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

J'ai donc déposé une requête pour récupérer mon dû. L'audience prévue très rapidement est annulée pour cause de covid. La conciliation aussi.

Puis, les deux affaires, qui n'en forment qu'une, sont refixées. La conciliation le mercredi, et l'audience le vendredi. J'annonce à l'avocat que, sauf si cela l'arrange pour une raison qui m'échapperait, je ne serai pas présent lors de la conciliation. D'abord parce que ce ne serait pas contraignant, ensuite parce que j'ai déjà deux autres affaires le vendredi.

Le locataire avait fini par quitter les lieux "volontairement". Je passe sur l'enquête de police qui a démontré qu'il habitait ailleurs, et sur les mensonges qu'il m'a servi pour me dire qu'il avait des difficultés pour déménager. J'ai fini par payer le déménagement pour qu'il dégage. Je passe sur les élucubrations diverses et variées du locataire: il finit par partir mi mars.

Le loyer de mars est impayé. Le covid me prend, et malgré que j'ai pu caser deux visites, le studio se retrouve inloué... jusque mi mai.

J'explique au juge que ce n'est pas à moi à payer les élucubrations du gaillard. D'habitude, un tel studio est vite reloué. Et donc, le préavis raccourci ne pose pas de problème. Je me suis posé la question de savoir si je devais laisser tomber ces deux mois et demi de vide locatif, dû au Covid.

J'en ai conclu que ce vide locatif est dû au comportement du locataire. Que le Covid était tombé dans la période de préavis, et donc sous sa responsabilité. J'ai rajouté que, si j'avais des pertes financières parce que je loue à des cas sociaux, j'arrêterais de louer à des cas sociaux. Chacun a droit à un toit. Et ce n'est pas parce qu'on est un cas social qu'on a pas des responsabilités. Ce serait dommage que j'arrête de louer aux cas sociaux parce que certains ne se comportent pas bien. J'ai donc estimé que le locataire, qui avait perdu son droit au Cpas par sa connerie congénitale, qui est sous administration de bien et qui est largement moins bien économiquement que moi, était responsable du trou de location dû au Covid. Et j'ai présenté au juge tous ces arguments.

Alors, est-ce qu'à cause du Covid j'aurais dû laisser tomber ces deux mois de loyers? Ou est-ce que j'ai raison d'enfer une question de principe, suite à l'en faire qu'il m'a fait subir?

En tout cas, le juge m'a suivi. J'avais proposé de m'en tenir à la libération de garantie locative à mon profit (qui couvrait le dommage à 50€ près) Le juge m'a octroyé les 15 jours de loyer de mars, et deux mois d'indemnité (charges comprises) puisque le bien était reloué au 15 mai. J'ai donc été intégralement couvert de mon dommage.

Dans le cas de personnes peu coopératives, j'ai l'habitude de demander des indemnités. Ici, je ne les ai pas demandées. Pas parce que le sagouin était coopératif, mais parce que d'une par il est insolvable. D'autre part, son administrateur est vraiment un chic type qui a essayé de réduire mon dommage autant qu'il le pouvait dans les faits (même si devant le juge, il a bien défendu son client)

J'ai donc envoyé le jugement au Cpas le 18 juillet, et j'ai perçu la garantie le 4 août. Case closed. Pas de perte.

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

grmff a écrit :

Prochainement, j'ai une séance de conciliation.

L'administrateur de mon locataire me dit qu'il n'a plus de sous (par la faute, pour la deuxième fois, de son administré bénéficiaire du Cpas) et donc, pour éviter que je ne me retrouve avec des dettes d'un insolvable, il me propose de mettre fin amiablement avec faculté d'expulsion en conciliation devant le juge de paix. Il en profitera pour demander d'être déchargé de sa mission d'administrateur de bien pour ce sagouin qui fait rien qu'à se faire virer par le Cpas.

Il a proposé cette solution parce qu'une conciliation est moins chère qu'un jugement, a la même valeur, est exécutable pour voie d'huissier et n'est pas susceptible d'appel. En outre, le juge ne peut s'opposer à un accord même quand il n'y a pas d'arriérés de loyer, étant donné que son rôle est seulement de constater l'accord entre parties, et non de trancher un désaccord.

La convocation à la conciliation est arrivée hier: le 5 mai. Près de 2 mois... Comme si j'allais attendre le 5 mai pour cette conciliation, alors que les séances de justice de paix sont convoquées sous 15 jours.

Et puis on se demande pourquoi je ne suis pas pour les conciliations.

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Prochainement, j'ai une séance de conciliation.

L'administrateur de mon locataire me dit qu'il n'a plus de sous (par la faute, pour la deuxième fois, de son administré bénéficiaire du Cpas) et donc, pour éviter que je ne me retrouve avec des dettes d'un insolvable, il me propose de mettre fin amiablement avec faculté d'expulsion en conciliation devant le juge de paix. Il en profitera pour demander d'être déchargé de sa mission d'administrateur de bien pour ce sagouin qui fait rien qu'à se faire virer par le Cpas.

Il a proposé cette solution parce qu'une conciliation est moins chère qu'un jugement, a la même valeur, est exécutable pour voie d'huissier et n'est pas susceptible d'appel. En outre, le juge ne peut s'opposer à un accord même quand il n'y a pas d'arriérés de loyer, étant donné que son rôle est seulement de constater l'accord entre parties, et non de trancher un désaccord.

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Himura a écrit :

Autant d'argument pour dire "appel, oui, appel !!!"

pour en arriver là :

grmff a écrit :

le locataire est quasi insolvable...

roll   sad

PS : Vous semblez "avoir bien fait" de vous faire représenter par un professionnel ^^

Ben non. J'aurais pu dire au juge que le locataire devait m'avoir mis en demeure pour que les les indemnités ne soient pas dues.
J'aurais pu dire au juge que mon appartement avait une moins value équivalente au prix du placement si je ne remplaçais pas la cuisine.
J'aurais pu expliquer que je n'ai pas besoin d'apporter la preuve que le devis Ikea est identique à la cuisine initiale, puisque ce point n'a pas été contesté par le locataire dans ses conclusions. J'aurais pu dire aussi que le locataire était de mauvaise foi, puisqu'il n'a pas avoué que le devis de la cuisine correspondait effectivement à la cuisine qu'il avait détruite à coup de poing parce que monsieur est un peu colérique...

Donc, non, j'aurais dû être là. Evidemment, j'allais pas faire 15.000km aller-retour pour me défendre... roll

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Himura
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Re : Mes petites jurisprudences...

Autant d'argument pour dire "appel, oui, appel !!!"

pour en arriver là :

grmff a écrit :

le locataire est quasi insolvable...

roll   sad

PS : Vous semblez "avoir bien fait" de vous faire représenter par un professionnel ^^

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Voici un cas qui m'a surpris. A tout le moins. Parce que c'est surprenant.

J'ai demandé un 747 pour faire revenir une affaire devant le juge de paix. J'ai donc déposé mes conclusions, l'adversaire n'a rien déposé, et je n'ai rien déposé de plus.

Ma demande: des arriérés de loyers, des dégâts locatifs et une indemnité de rupture fautive. Le locataire n'était plus dans les lieux. Un état des lieux contradictoire non chiffré avait été réalisé et une remise des clefs en bonne et due forme.

Lors de l'audience, j'étais représenté par un avocat. Le locataire était présent, à la grande surprise de mon avocat.

Premier étonnement: Il a eu le droit de se défendre verbalement. Il a amené des arguments verbaux dont le juge a tenu compte pour réduire les dégâts locatifs.

Deuxième étonnement: le juge était étonné du prix demandé pour une porte détruite (350€). Le juge a regardé dans un livre donnant des montants de dégâts locatifs et a validé ce prix de 350€

3e surprise du jour: Le juge a réduit de lui-même le prix demandé par la cuisine détruite.

4e bizarrerie: le juge n'a pas statué sur le coût de placement (950€ sur devis Ikea) de la cuisine, sous le prétexte que je n'apportait pas la preuve que j'avais effectivement payé ce placement.

5e élément: Le juge a refusé de m'octroyer l'indemnité de rupture de 3 mois, sous prétexte que je n'apportais pas la preuve de l'enregistrement du bail. Il a bien cherché dans le dossier que l'avocat avait en main, et ils ne l'ont pas trouvé. Donc indemnité refusée. Pourtant, selon la loi applicable en Wallonie, l'indemnité peut être refusée si le locataire m'a mis en demeure d'enregistrer le bail!

Je passerai sur la 6e anomalie qui dépasse largement le cadre du forum et qui mériterait une crise économique, politique et gouvernementale.

7e surprise du chef: le juge a octroyé des termes et délais au locataire sur base de sa demande verbale: 50€ par mois à partir de 3 mois plus tard....

Alors, appel ou pas appel? Il y a évidemment toujours possibilité de faire appel. Mais quel est l'intérêt?
Je pourrais également faire appel à la cassation, puisque le juge a mal appliqué une loi (refus de l'indemnité de rupture car bail pas enregistré), a pris sur lui de soulever d'office des arguments non soulevés par la partie adverse dans ses conclusions sur 747, et n'a pas pris position sur certaines de mes demandes.

Rien. Je ne ferai rien. Parce que de toute façon, le locataire est quasi insolvable...

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libra
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Re : Mes petites jurisprudences...

Ce matin à la Justice de paix du 1er Canton de Schaerbeek. Un nouveau juge titulaire. Deux mois de loyer impayés ne justifient pas la résiliation d'un bail. J'ai insisté arguant qu'après demain, ce sera trois mois de loyer impayés. Ouf, c'est entendu.

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Himura
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Re : Mes petites jurisprudences...

Himura a écrit :

J'en ai un autre qui est toujours en délibéré chez la Juge. Ce sera un cas plus intéressant, car pour celui-là, l'ex-locataire est venu à l'audience, et a tout contesté en bloc. Je reste confiant, car lors de l'audience, la juge lui avait bien précisé qu'en l'absence d'un état des lieux contradictoires, elle a tout pouvoir pour valider des éléments de preuve qui lui sont fournis. Et elle montrait clairement qu'elle acceptait mon état des lieux réalisé par témoin (neutre et identifié uniquement par son nom).

Pour info, je viens de recevoir le jugement de cette affaire.
Comme pressenti, la juge m'a suivi, et a validé chaque point de ma requête - dont le plus important : les dégats locatifs, chiffrés via un ELS "unilatéral", tel que qualifié dans le jugement.

Si cela peut aider, la juge a argumenté sa décision ainsi :
"Le tribunal considère que l'ELS, quoiqu'unilatéral, comporte des présomptions graves, précises et concordantes (article 1353 du Code Civil) concernant l'existence des dégâts litigieux lors de la fin du bail."

Tout cela me fait regretter tout de même que, si la loi prévoit explicitement que l'état des lieux DOIT être contradictoire, elle ne prévoit manifestement pas de sanction contre la partie qui se défile ; reportant ainsi de nombreux soucis sur la partie restante.

Ayant connu 3 fois le cas à présent, et comme cela me donne l'impression que certains locataires défaillants en abusent volontairement, j'aurais vu d'un bon oeil que ça soit discuté et inclus dans la révision récente de la loi sur les baux d'habitation.

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Les juges ont toute ma confiance.

La justice, c'est beaucoup moins clair. Quand un jugement sur une biesserie qui devrait être réglée en 10 minutes sur un coin de table met 10 ans et coûte en frais d'avocat 10x plus que l'enjeu, j'avoue que j'ai du mal avec le système.

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luc
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Re : Mes petites jurisprudences...

Francis a écrit :

Je suis assez proche d’un juge (de police et pas de paix, mais c’est très proche) et je peux affirmer que le boulot des juges n’est pas si évident que cela.  D’accord, ils sont nommés et gagnent le même (joli) salaire qu’ils traitent 100 ou 1000 dossier mais ils ne sont pas les seuls intervenants dans le monde judiciaire.  Il y a aussi les greffiers, les juristes, les huissiers d’audience, etc. Etc.
Souvent, d’après ce que j’entends, les retards sont souvent du à un manque de personnel.
Si vous voulez critiquer la justice, commencez par examiner leur budget, surtout par rapport aux pays voisins, et vous verrez une une sacré différence à notre désavantage bien sur.
Il y a aussi les avocats qui peuvent perturber la suite logique d’une audience car certains oublient leur serment et sont prêts à tout pour soustraire leurs clients à leurs responsabilités !

Personnellement, je conserve ma confiance dans notre justice !

Même constats mais d'un angle différent pour trois tribunaux très différents, comme plaignant (2018), comme défendant (2013), comme membre (1999).

Même conclusion: je conserve ma confiance dans notre justice.

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Francis
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Re : Mes petites jurisprudences...

Je suis assez proche d’un juge (de police et pas de paix, mais c’est très proche) et je peux affirmer que le boulot des juges n’est pas si évident que cela.  D’accord, ils sont nommés et gagnent le même (joli) salaire qu’ils traitent 100 ou 1000 dossier mais ils ne sont pas les seuls intervenants dans le monde judiciaire.  Il y a aussi les greffiers, les juristes, les huissiers d’audience, etc. Etc.
Souvent, d’après ce que j’entends, les retards sont souvent du à un manque de personnel.
Si vous voulez critiquer la justice, commencez par examiner leur budget, surtout par rapport aux pays voisins, et vous verrez une une sacré différence à notre désavantage bien sur.
Il y a aussi les avocats qui peuvent perturber la suite logique d’une audience car certains oublient leur serment et sont prêts à tout pour soustraire leurs clients à leurs responsabilités !

Personnellement, je conserve ma confiance dans notre justice !

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luc

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Re : Mes petites jurisprudences...

Himura a écrit :
panchito a écrit :
Himura a écrit :

Mais sincèrement, est-ce qu'un juge se rend seulement compte du temps perdu que personne ne pourrait s'offrir ?

Bien sur que non, lui c'est son gagne-pain!

Vous ne semblez pas savoir que les juges sont nommés, et gagnent aussi bien leur vie s'ils traitent 100 dossiers que 1000. 
Ils n'ont aucun intérêt à engorger leurs audiences, et, de ce que j'en ai vu, ont bien plus de déontologie que ce que vous insinuez ici.

Je m'interroge uniquement sur leur approche par rapport à la réalité des propriétaires / locataires.

C'est comme cela que je le ressens parfois aussi. Même si généralement le juge tient compte de garroter les hémorragies.

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Himura
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Re : Mes petites jurisprudences...

panchito a écrit :
Himura a écrit :

Mais sincèrement, est-ce qu'un juge se rend seulement compte du temps perdu que personne ne pourrait s'offrir ?

Bien sur que non, lui c'est son gagne-pain!

Vous ne semblez pas savoir que les juges sont nommés, et gagnent aussi bien leur vie s'ils traitent 100 dossiers que 1000. 
Ils n'ont aucun intérêt à engorger leurs audiences, et, de ce que j'en ai vu, ont bien plus de déontologie que ce que vous insinuez ici.

Je m'interroge uniquement sur leur approche par rapport à la réalité des propriétaires / locataires.

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panchito
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Re : Mes petites jurisprudences...

Himura a écrit :

Mais sincèrement, est-ce qu'un juge se rend seulement compte du temps perdu que personne ne pourrait s'offrir ?

Bien sur que non, lui c'est son gagne-pain!

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Himura
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Re : Mes petites jurisprudences...

Tiens... on fait pareil avec cette farde de documents prêt à l'emploi.

J'ai obtenu un jugement conforme, en 2017, dans le même cas.
J'en ai un autre qui est toujours en délibéré chez la Juge. Ce sera un cas plus intéressant, car pour celui-là, l'ex-locataire est venu à l'audience, et a tout contesté en bloc. Je reste confiant, car lors de l'audience, la juge lui avait bien précisé qu'en l'absence d'un état des lieux contradictoires, elle a tout pouvoir pour valider des éléments de preuve qui lui sont fournis. Et elle montrait clairement qu'elle acceptait mon état des lieux réalisé par témoin (neutre et identifié uniquement par son nom).

Idéalement, elle aurait voulu qu'on fasse une requête, pour désigner un expert, attendre qu'il passe, rappeler le dossier pour qu'il soit enfin pris en délibéré.
... Mais sincèrement, est-ce qu'un juge se rend seulement compte du temps perdu que personne ne pourrait s'offrir ? Ni propriétaire, ni locataire.

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

Un locataire me fait faux-bond au rendez-vous de l'état des lieux de sorties, et m'envoie un sms pour me dire que les clés sont sur la cheminée et la porte ouverte. Je ne suis pas content, évidemment.

Je fais appel au voisin comme témoin, fait l'état des lieux, reprends les clés, change le barillet et dépose une requête en justice de paix, chiffrant les indemnités de départ et les dégâts locatifs.

Lors de l'audience, à laquelle les locataires ne sont évidemment pas présent, je n'obtiens pas mon jugement conforme.

Le juge m'octroie le mois de juin (alors qu'ils sont parti au 4 juin), les indemnités de 2 mois pour un départ dans la 2e année, réserve à statuer pour les 3 mois de préavis non presté et pour les dégâts locatifs.

Il me donne très gentiment la raison pour ce qui concerne les dégâts locatifs: la preuve par témoignage n'est recevable que si elle est faite dans les formes du Code Judiciaire art 961.

Le Code judiciaire Art 961&al a écrit :

Art. 961. Est nulle la déposition :
  1° qui émane d'une personne incapable de déposer en justice;
  2° qui n'a pas été reçue sous la foi du serment;
  3° qui a été recueillie au mépris des droits de la défense;
  4° qui n'a pas été enregistrée au procès-verbal dans la forme prescrite à l'article 939.
  ----------
  Section Vbis. -  production d'attestations
  Art. 961/1. Lorsque la preuve testimoniale est admissible, le juge peut recevoir de tiers des déclarations, sous forme d'attestation, de nature à l'éclairer sur les faits litigieux dont ils ont personnellement connaissance.
  ----------
  Art. 961/2. Les attestations sont produites par les parties ou à la demande du juge. Le juge communique aux parties celles qui lui sont directement adressées.
   Les attestations doivent être établies par des personnes qui remplissent les conditions requises pour être entendues comme témoin.
   L'attestation contient la relation des faits auxquels son auteur a assisté ou qu'il a personnellement constatés.
   L'attestation mentionne les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile et profession de son auteur ainsi que, s'il y a lieu, son lien de parenté ou d'alliance avec les parties, de subordination à leur égard, de collaboration ou de communauté d'intérêts avec elles.
   L'attestation indique en outre qu'elle est établie en vue de sa production en justice et que son auteur a connaissance qu'une fausse attestation de sa part l'expose à des sanctions pénales.
   L'attestation est écrite, datée et signée de la main de son auteur. Celui-ci doit annexer, en original ou en photocopie, tout document officiel justifiant de son identité et comportant sa signature.

  Art. 961/3.  Le juge peut toujours procéder à l'audition de l'auteur de l'attestation.

Le juge m'informe en outre qu'il existe des modèles bien fait sur internet.

Je suis étonné, parce que j'ai déjà produits un témoignage, et le juge ne m'a pas retoqué sur ce point. J'ai obtenu gain de cause, point barre... Mais dans ma recherche, je me rends compte que l'art. 961 date majoritairement de 2012. Mon affaire avec témoignage date de bien avant cela. Dieu que le temps passe et qu'il est difficile de rester à jour en matière de procédures...

Il me reste à revoir le témoin, et obtenir de sa part qu'il remplisse cette attestation... Je doute qu'il accepte de le faire vu sa réticence à signer comme témoin le 4 juin... Et puis à perdre une matinée de plus en justice de paix pour ne rien récupérer de ces personnes insolvables, et rajouter un formulaire dans ma liste de documents utiles qui m'accompagne en permanence (Avec modèles vierges de baux, de Documents de reprise des énergies, d'état des lieux, de constats de fin de bail, etc.)

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rexou
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Re : Mes petites jurisprudences...

libra a écrit :

Ma soif d'appendre est insatiable. big_smile En matière d'immobilier; qu'elle est l'intérêt de savoir s'il n'y a pas eu d'appel?

Je passe au hasard de mes pérégrinations sur ce post.
Moi aussi, cela me donne soif...

Je me sers un Bordeau très correct.
Et j'oublie ce "certificat de non appel" (qui en plus est payant!) dont je n'ai jamais eu aucun besoin en 35 ans de ma vie de bailleur. ^^

A votre santé !

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libra
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Re : Mes petites jurisprudences...

ninifel a écrit :

C'est l'unique moyen pour prouver qu'il n'y a pas eu d'appel d'un jugement signifié !!!

donc je vous ai appris qqchose smile

Ma soif d'appendre est insatiable. big_smile En matière d'immobilier; qu'elle est l'intérêt de savoir s'il n'y a pas eu d'appel?

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grmff
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Re : Mes petites jurisprudences...

ninifel a écrit :

Le cout de délivrance d'un "certificat de non-appel" est de 35 euros.

C'est l'unique moyen pour prouver qu'il n'y a pas eu d'appel d'un jugement signifié !!!

donc je vous ai appris qqchose smile

Oui, j'ai appris quelque chose. Je sais pas à quoi cela sert, mais c'est nouveau pour moi.

Si vous expliquiez à quoi cela sert, j'aurais peut-être appris en plus quelque chose qui peut m'être utile...

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grmff
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Mes petites jurisprudences...

Dans la grande famille de mes petites histoires, je demande les résultats de jugements.

Aujourd'hui, j'ai reçu un joli jugement, bien motivé, pour une affaire un peu gratinée. Ce jugement est un jugement de justice de paix. Ce n'est pas un jugement d'appel. Est-ce de la "jurisprudence"? Pour certains oui. Pour d'autres pas. Il est à noter que la jurisprudence dans notre droit belge a beaucoup moins d'importance que dans le droit anglo-saxon, où chaque jurisprudence à force de loi.

Chez nous, comme le disait si pertinemment un cher juge de paix à présent retraité: "la jurisprudence, ce n'est que l'avis d'un autre juge, sur une autre affaire, dans un autre contexte. Et c'est valable pour la cour de cassation aussi"

Après ce long préambule, voici "ma petite jurisprudence" du jour...

L'histoire:
Le bail a commencé début 2011.
Le locataire a remis son préavis à ce bail en fin 2012 avec fin de bail prévue deux mois plus tard, soit un préavis de deux mois seulement, en cours de 2e année.
Dès remise du préavis, plus de payement. Le locataire espérait se défaire de ses dettes via la garantie locative.
La situation a très vite été peu claire et tendue entre le propriétaire et le locataire. Chacun accusant l'autre de mauvaise foi. Etant le propriétaire, il est évident que c'est le locataire qui était de mauvaise foi. Vous l'aviez compris, vous me connaissez, hein...

Quand la locataire se rend compte que le préavis normal est de 3 mois et non deux, elle tente de changer sa position. Ce que je n'accepte évidemment pas. Non seulement elle m'a traité de fou, mais aussi de violation de domicile (quod non, évidemment!), de vol, de mauvais gestionnaire, etc.

Dès que je me rends compte que cela ne va pas bien se passer, je dépose une requête demandant mon du: arriérés de loyers, arriérés d'indexation, indemnité de deux mois, mois de loyer pour préavis raccourci, fin de bail confirmée comme mentionné au préavis initial, expulsion, etc.

Avant l'audience initiale, j'arrive à lui faire comprendre qu'il serait bon d'avoir quitté les lieux. D'autant plus que j'ai trouvé un candidat locataire, et donc que le 3e mois de préavis ne lui serait pas réclamé. Nous arrivons donc à un état des lieux de sortie, avec des dégâts mentionnés mais non chiffrés, et une remise  des clés en bonne et due forme.

Lors de la première audience, le locataire vient avec son avocat, trouvé la veille. Elle demande donc une remise. Je refuse la remise, et je demande un "747", soit un calendrier de dépot des conclusions. Et je dépose mes propres conclusions initiales, avec copie des échanges de mail et copie des échanges de sms. (merci téléphone android qui permet de le faire facilement...)
Audience, à laquelle j’arrive en retard, foutu bouchons ! Le juge était encore présent. Je n’ai donc pas pu plaider, puisque la partie adverse était déjà partie. Le juge m’a rassuré en me disant qu’il se basait sur les pièces, de toute façon.
Je ne vais pas mentionner toutes les arcanes de l’affaire, mais elle s’est résumée par « ma bonne foi contre celle de la locataire »
Jugement reçu hier : j’ai eu gain de cause sur toute la ligne, très logiquement.

Les leçons que je tire de cela :
1.    Toujours tout par écrit, que ce soit par SMS, mail ou courrier
2.    Ce n’est pas parce qu’on rate l’audience que tout est foutu (mais c’est mieux tout de même d’y être, évidemment…)
3.    Chercher un accord, jusqu’au bout de la folie, par mail et sms, cela paie. Je suis sûr que le juge en a tenu compte. Cela a été à mon crédit de « bonne foi »
4.    L’électricité des communs était raccordée sur le compteur de ce locataire. Etant donné qu’il y avait un compteur de passage pour l’électricité des communs, et que j’en ai tenu compte dans mon décompte, il n’y a rien d’irrégulier.
5.    Ce n’est pas parce qu’il y a un avocat en face qu’il faut se démonter.

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